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L'influence des Etats-Unis sur la France - Partie III

Les influences au niveau plastique des États-Unis et de la France

Introduction
I - Un art mondialisé
  A- Le dadaïsme
  B- Le surréalisme
II - Un art en opposition
  A- Le pop art
  B- Le nouveau réalisme
III - Vers une fin de ces oppositions ?
  A- L'exposition de Klein à Warhol
  B- L'exposition Paris Capitale des Arts
Conclusion

Introduction

Le XXème siècle a connu une multitude de courants artistiques, certains s’influençant, d’autres s’opposant.
Cependant, on peut être sûr que ce XXème siècle a vu s’opérer de grands changements dans la propagation de l’Art. En effet, grâce aux inventions modernes comme la radio, la Télévision, ou encore la communication longue distance, et notamment transatlantique, la diffusion d’idées, souvent à l’origine des mouvements artistiques, se fait plus rapidement, et l’art devient plus accessible au peuple.
Avant 1914, la France a connu de nombreuses périodes d’effervescences artistiques. Elle a un riche passé plastique, et a influencé beaucoup de ses voisins. Alors que les Etats-Unis ne jouissent pas d’un passé artistique si prestigieux.
On serait en droit de penser que cette hégémonie française continuerait, et que l’art américain resterait presque inexistant.
C’est ce que cette troisième partie va essayer de vérifier, en analysant dans un premier temps quatre mouvements artistiques ayant marqués les deux pays de 1914 à 1990, et dans un deuxième temps, en analysant le regard que porte les deux nations sur l’art de l’autre de nos jours.

I - Un art mondialisé

Au début du siècle, un mouvement plastique naît en Europe, se développe essentiellement en France et devient vite mondial. C’est de ce mouvement que vont se développer les échanges culturels entre la France et les Etats-Unis.
Plusieurs artistes français et américains, vont vites considérer comme n’allant pas assez loin dans ces idées, et vont fonder un autres mouvement, augmentant ces échanges culturels.

A - Le Dadaïsme, point de départ des échanges transatlantiques

Dada est un mouvement artistique qui s'est développé pendant la Première Guerre Mondiale, en Suisse. Il met en avant la paix, et l'absurdité de la guerre. Le mouvement s'organise en comité, avec comme tête de file le roumain Tristan Tzara. Ce mouvement rassemble beaucoup d'artistes de nationalités différentes, dont le français Marcel Duchamp et l'américain Man Ray.
Nous prendrons donc ces deux artistes comme exemple pour illustrer ce mouvement mondial, et comparer son développement des deux cotés de l'Atlantique.
Fontaine, R. MUTT (Marcel Duchamp)
1917, urinoir en porcelaine
Photographié par Alfred Stieglitz pour The Blind Man
n°2, mai 1917
Collection privée, Paris

Cette œuvre fait scandale dans le mouvement. L'objet n'a pas choqué, pourtant très provocateur dans son choix, un urinoir mais le nom de l'auteur, qui signifie dans le langage courant "imbécile" ou "bâtard", a sans doute laissé perplexe. Cette œuvre fut l’occasion pour Duchamp de dénoncer l’hypocrisie présente dans la société, et plus particulièrement dans le comité.
D’ailleurs, suite à ce scandale, Duchamp donne sa démission au comité.
La Femme, Man RAY
1920, Epreuve aux sels d'argent, 38.8x29.1cm
Collection privée, Milan

Ce batteur électrique et ce pédalier représentent un « homme rayon ».
Man Ray est un artiste anarchique et libertaire, sympathisant donc du dadaïsme.
Man Ray ambitionne de « dévisager l’ambiguïté fondamentale du monde ».
Dans son travail et ses idées, Man Ray est très proche de Marcel Duchamp, qui d’ailleurs était son ami.
Dans ces deux œuvres, nous remarquons d’abord une similitude dans le choix des matériaux : des objets de la vie courante, puis des similitudes aussi pour l’idée très noble et grande, qui se cache derrière : alors que l’un veut dénoncer l’hypocrisie générale, l’autre veut dévisager l’ambiguïté fondamentale du monde.
Ce mouvement va marquer l’ouverture artistique des Etats-Unis sur le monde. C’est en effet grâce au dadaïsme que les européens commencent à connaître les artistes américains.
On notera quand même que ce mouvement est tellement mondialisé que dans certaines sources, Man Ray est inscrit comme un artiste du mouvement français, et Duchamps comme un artiste américain.
Cependant, ce mouvement reste essentiellement européen.
Les artistes français s’affirment.
Ce mouvement va donner naissance dans les années 20 au mouvement surréaliste, qui lui aussi se développera des deux cotés de l’Atlantique.

B - Le surréalisme, un mouvement français aux Etats-Unis

Dans l’entre deux guerre, des français, sympathisant de dada, mais estimant qu’il devait aller plus loin aussi bien dans ses idées que dans ses actes, décident de créer un mouvement : le surréalisme.
D’abord littéraire, le surréalisme devient vite un mouvement touchant tous les arts.
En 1924, Breton, un des fondateurs du mouvement, publie un Manifeste du surréalisme, où il publie les intentions du surréalisme qui veut être "une nouvelle déclaration des droits de l'homme".
Voila deux définitions qu’on peut trouver dans le manifeste de Breton :
• "Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale."
• "Encycl. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieur de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance due au jeu désinteressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie"
Des grands noms de l'art du XXème siècle font partie du mouvement, comme Dali, Breton, ou encore Ray.
Ce mouvement est tellement mondialisé, que les artistes de tout les pays travaillent ensemble, on a donc régulièrement des "échanges d'artistes entre les différents pays.
Le mouvement souhaite que soit accordé à ses productions, tant linguistiques que plastiques, le statut d'expérimentation scientifique : tentative pour explorer en profondeur à la fois le monde (notamment sa réalité cachée) et la pensée (notamment l'inconscient), et pour donner de l'un et de l'autre une connaissance totale.
C'est pourquoi pour illustrer cette partie, nous pr
endrons un seul exemple, celui du "cadavre exquis".
Cadavre exquis, A. BRETON, M. MORISE, M. RAY, et Y. TANGUY
Plume et encre, crayons de couleur et mine de plomb sur papier plié,
31x20cm, Paris, centre Georges Pompidou


Cette œuvre collective n'a pas été créée pour être exposée, ni pour être qualifiée d’ "œuvre", d'où les matériaux utilisés (crayons de couleur, etc.).
"Le cadavre exquis" est avant tout un jeu, créé par les surréalistes pour mettre en commun leurs différences et les perdre pour "l'inspiration universelle".
Voila la définition qu'en donne le Dictionnaire abrégé du surréalisme : « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. L'exemple devenu classique, qui a donné son nom au jeu, tient dans la première phrase obtenue de cette manière : “Le cadavre - exquis - boira - le vin - nouveau” ».
Une feuille passe de main en main, et chacun doit ajouter quelque chose à celui qui précède, sans en avoir connaissance.
Une fois dépliée, cela forme une image sans sens, résultant de cette "pensée à plusieurs voix", une grande idée des surréalistes.
Le mouvement surréaliste se veut universel, l'espoir de cette pensée à plusieurs voix est donc logique.
D’un point de vu artistique, la France et les Etats-Unis n'ont jamais été aussi proches.
On peut expliquer ses échanges artistiques par la fin de la guerre et de "l'américain libérateur de l'Europe".
On ne peut pas qualifier d’échanges artistiques les «échanges artistiques » de cette époque.
En effet, Les influences sont tellement grandes et identiques des deux cotés de l’atlantique, que nous pouvons voir l’émergence d’un seul mouvement pour deux pays, d’une seule « nation artistique » pour deux états.
Cependant, il est difficile d’avoir les mêmes idées sans avoir la même culture. C’est ce que dans les années 50 les artistes Français et Américains vont découvrir.

II - Un art en opposition

A - Le pop art, l’art populaire américain

Dans les années 50, en réponse à la société de consommation, un mouvement artistique naît en Amérique : le Pop art.
Le Pop art américain est né d’initiatives individuelles, cependant, il a une cohérence : le pop art a un intérêt pour les objets ordinaires, et est fasciné par la puissance des images.
Voici la définition de ce mouvement par le peintre anglais Hamilton : « populaire, éphémère, jetable, bon marché, produit en masse, spirituel, sexy, plein d’astuces, fascinant et qui rapporte gros. »
Le pop art emprunte ses matériaux à la culture de masse. Dans les années 60, ce mouvement prend une dimension pluridisciplinaire, et internationale, notamment en Italie.
Le foyer du pop art est localisé à New-York, où expose des artistes de grande renommée comme Andy Warhol ou encore Georges Segal.
L’expression « pop art » indique que « l’art prend appui sur la culture populaire de son temps, il lui emprunte sa « foi » dans le pouvoir de l’image.
Le pop art emprunte aussi des idées à la production par séries. Au début des années 1960, l'Américain Andy Warhol, une figure majeure du mouvement, adopta une technique, la sérigraphie, qui permet la démultiplication et la répétion, se rapprochant ainsi de la production en série de l'industrie culturelle. Il produisit ainsi des centaines de bouteilles de Coca-Cola, des portraits de Marilyn Monrœ, ou des boîtes de soupe Campbell.
Andy Warhol, Campbell's Soup Can,
1965. Sérigraphie.
Galerie Leo Castelli, New York.

Tirée directement d’une image publicitaire de magazine, reproduite telle quelle, la boîte de soupe condensée Campbell (en sérigraphie sur toile, Galerie Leo Castelli, New York) connaît au cours des années soixante de multiples développements dans l’œuvre de Warhol. D’abord présentée en une série de 32 toiles correspondantes aux 32 variétés du produit (ici à la tomate), avec les couleurs originales blanc et rouge, elle est ensuite déclinée en diverses séries : écrasée, ouverte, mise en couleurs arbitraires, seule ou en rangées serrées, en caisse, traitée à l’huile, à l’acrylique ou en sérigraphie. Produite de façon impersonnelle et mécanique, systématique et sérielle, l’image est elle-même un objet reproductible sans aucune valeur émotionnelle. À ce titre, la boîte de soupe prend place à côté de la bouteille de Coca-Cola, du billet de 1 dollar, du portrait de Marilyn Monroe, de la chaise électrique ou de l’émeute raciale, purs produits de la société américaine bientôt rejoints par des figures internationales comme Mao. La stéréotypie généralisée ne concerne pas tant tel ou tel objet banal ou « star », mais la totalité d’un monde qui comporte ces objets, au rang desquels Warhol lui-même, « star » du pop art, et ses images prennent rapidement leur place.
Le pop art est un mouvement artistique se basant sur la société actuelle, la culture de masse, et la production en série.
Cette œuvre plastique est maintenant devenue « l'emblème de l'Amérique triomphante »

B - Le Nouveau réalisme, le retour à la réalité de la France

Dans les années 60, des artistes français réagissent violemment contre l’art abstrait informel, qui s’est développé dans toute l’Europe, grâce à des noms prestigieux comme, Léger, ou encore Miro.
Ces artistes prônent un retour au réel, au moyen de l’appropriation et du maniement des objets de consommation.
La grande idée des nouveaux réalistes est la « singularité collective ». Les artistes se démarquent donc par la diversité de leur langage plastique.
Pour Pierre Restany, un des fondateurs du mouvement, le nouveau réalisme est «un recyclage poétique de réel urbain, industriel, publicitaire.
C’est grâce, à ce Français que le mouvement a pu rivaliser sur la scène internationale avec l’art américain émergent : le pop art.
Les œuvres des artistes du nouveau réalisme sont exposées à New-York, au coté des œuvres des artistes du pop art, pourtant aux buts opposés.
Ricard, César
1962, Compression dirigée d'automobile 153 x 73 x 65 cm, centre Pompidou

César Baldaccini est un nouveau réaliste depuis le début de ce mouvement.
Par le choix des matériaux qui composent la charge, leur nature, leur couleur et la connaissance du processus de compression, il parviendra rapidement à prévoir les effets obtenus par la machine et à réintroduire dans un mécanisme
apparemment impersonnel, la conscience du créateur.César se fournissait en déchets pour la réalisation de ses sculptures.
On remarque que le choix des matériaux n’est peut être pas tout à fait le même que pour le pop art, et que leur but s’oppose, en effet, pour la boite de soupe Warhol s’est servi d’un produit de la consommation de masse, et pour Ricard, on a la conséquence de cette même consommation de masse.
Cependant, ces deux mouvements prouvent l’existence de l’influence néo dadaïste internationale au tournant des années 1960.
Ces deux mouvements ont donc les mêmes origines, les mêmes moyens d’expressions, et mêmes sources d’inspirations, pourtant, ils s’opposent dans les idées, et dans l’objectif.

III - Vers une fin de ces oppositions ?

« Nous avons choisi d’analyser le regard que les États-Unis et la France porte sur « l’art de l’autre » de nos jours, par souci d’objectivité. En Effet, étant donné que cette partie est encrée dans le présent, nous aurions risqué de laisser parler nos sentiments pro ou anti américain ou français, plus que dans les autres parties. »

Pour illustrer cette partie, on va étudier l’exemple de deux expositions visant à faire connaître en France, l’art américain.

A - L'exposition De Klein à Warhol Face-à-face France/États-Unis présentée au Musée d’Art moderne et d’art contemporain de Nice au cours de l’hiver 1997-98

Cette exposition a rassemblé des œuvres françaises et américaines du Centre Georges Pompidou et du Musée d’Art moderne et d’art contemporain de Nice illustre bien l’approche ambivalente de ces événements qui se multiplient. Le but de cette exposition est d’évoquer « les échanges artistiques entre la France et les États-Unis autour du Nouveau Réalisme et du Pop Art », et ce, dès le début des années 50 où se forme le groupe français. Le ton adopté par les organisateurs de l’exposition trahit cependant une volonté de réaffirmer l’originalité de la création artistique française de l’époque et de réagir aux propos antérieurs de la critique américaine : « Bien que l’apport français, dans la diversité de ses démarches, apparaisse particulièrement novateur, il semble qu’une grande partie de la critique américaine n’ait pas été disposée à en reconnaître l’originalité. Ainsi Lucy Lippard, un artiste américain, qualifie de « laborieuse et fortement surréaliste » la participation en 1962 des Nouveaux Réalistes à l’une des premières expositions new-yorkaises où ils figurent en bonne place aux côtés des Américains, à la Sidney Irving Sandler, un critique d’art américain, affirme, de façon plus générale, que les Nouveaux Réalistes « n’ont pas particulièrement impressionné les milieux new-yorkais.»
Cette dernière remarque suggère que les relations artistiques entre les deux pays demeurent entachées de rivalités. Il apparaît que c’est l’interprétation qui est donnée de ces expositions qui, pour une grande part, transforme ces mises en apposition d’œuvres en confrontations.
Ce constat qui revient régulièrement, est plus marqué dans cet exemple, puisque cette exposition n’a été organisée sur une initiative française ou américaine.

B - L’exposition Paris Capitale des Arts 1900-1960 (Royal Academy of Arts, Londres, du 26 janvier au 19 avril 2002 et Guggenheim Museum, Bilbao, du 21 mai au 3 septembre 2002)

Sarah Wilson, l’un des commissaires de l’exposition, analyse les tensions apparues entre les protagonistes français et américains au cours des années 60. Son évocation des rapports d’oppositions entretenus par les acteurs des mouvements artistiques français et américains depuis l’après-guerre jusqu’à la fin des années 60 se conclut sur cette remarque à propos de l’état actuel des relations franco-américaines : « [À la fin des années 60] alors que les expositions consacrées aux artistes américains se multipliaient à Paris, les artistes français éprouvaient des difficultés à exposer leurs œuvres aux États-Unis. D’emblée, leur art était considéré comme ‘provincial’ : trop français. Un préjugé qu’il faut encore assumer. »
Il existe une grande sensibilité à l’égard de ce qui est décrit comme le déplacement du centre de l’activité artistique mondiale de Paris vers New York. Malgré son caractère antérieur, c’est sans doute parce qu’elle continue à avoir des conséquences sur la nature des relations actuelles que cette question conserve un caractère actuel.

Ces expositions ont été l’occasion d’évoquer les enjeux politiques sous-jacents au contexte artistique. S’il est quasiment indéniable qu’assurer la prééminence artistique de New York a été l’un des moyens utilisés à l’époque par le gouvernement américain pour s’élever contre l’expansion du communisme en Europe, il est difficile d’évaluer le rôle — s’il existe — attribué de nos jours par les politiques à l’art dans la défense des intérêts nationaux. C’est en effet aujourd’hui avant tout vers les sphères financières et économiques que l’essentiel des rapports concurrentiels se sont déplacés.

Conclusion

Du point de vu plastique, le XXème siècle peut être divisé en deux.
De 1914 à 1950, où les artistes de France et des Etats-Unis Travaillaient ensembles, dans une quasi osmose, cependant, ces mouvements sont essentiellement français.
De 1960 à nos jours, où de cette osmose les artistes des deux pays sont partis dans des directions différentes. Cependant, les influences restent les même, l’art avant 1960, c'est-à-dire, les mouvements français.
Néanmoins, on remarquera que malgré cette influence française, l’art plastique américain est le plus célèbre, le plus connu.


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